L’histoire que nous allons vous raconter commence là, en Bretagne, entre un chantier d’insertion, une boîte d’intérim et une entreprise de traitement de bois. Nous sommes allés interroger quelques-uns des personnages importants du récit. Jean, lui, a préféré rester discret. Mais il a lu cet article et donné son accord pour qu’il soit publié. Car dans cette histoire, il y a un espoir qu’il est heureux de partager.
Les chantiers d’insertion professionnelle, pour un retour vers l’emploi
Christophe Terres est responsable d’un chantier d’insertion professionnelle Nature et Patrimoine, porté par le CCAS de la commune de Guidel en Morbihan. Chaque année, il accueille successivement deux équipes de 8 personnes qui passeront six mois sur des chantiers d’aménagement d’espaces naturels. En 2019, Jean fait partie d’une de ces équipes.
Chantier d’insertion professionnelle ?
Ils ont été créés il y a une trentaine d’années pour remettre le pied à l’étrier de personnes éloignées de l’emploi depuis longtemps. Femmes et hommes, jeunes, seniors, divorcés, licenciés, accidentés de la vie… il n’y a pas de « profil type », les histoires sont chaque fois différentes mais ils ont en commun de rencontrer des difficultés sociales ou professionnelles particulières. Il existe environ 45 chantiers d’insertion dans le Morbihan et celui de Guidel a la particularité d’être porté par le CCAS de la commune. Il existe d’autres chantiers dans les domaines du maraichage, du bâtiment et même en poterie. Celui de Guidel est spécialisé dans l’entretien et la création de chemins de randonnée et la restauration du petit patrimoine bâti.
Les chantiers d’insertion sont une des étapes dans le processus du retour à l’emploi qui ne se fait pas forcément dans la foulée d’un chantier. Pour Jean, le chantier sera la dernière étape vers un contrat de travail pérenne.
Questions à Christophe Terres [C.T.], responsable du chantier nature et Patrimoine de Guidel. En quoi consiste ce chantier « Nature et patrimoine » et quel est votre rôle ?
C.T. : Je suis responsable de ce chantier, de sa logistique et de son intendance technique. Nous travaillons sur des projets d’aménagement des espaces naturels de la ville de Guidel mais aussi sur des espaces naturels sensibles, propriétés du département. Mon rôle va au-delà de celui d’un traditionnel chef d’équipe : lorsque j’accueille un groupe, les gens n’ont souvent plus beaucoup d’espoir. Mais la dynamique de l’équipe et la qualité des chantiers qui nous sont confiés changent leur état d’esprit au fil des semaines. Mon rôle est de travailler le collectif, de redonner de la confiance et des repères, d’écouter, et de mener à leur terme des projets d’aménagement ou de restauration souvent ambitieux grâce à l’acquisitions de savoir-faire et de techniques de travail.
Les membres de vos équipes sont considérés comme des demandeurs d’emploi ? Des salariés ?
C.T. : Ils sont salariés et je peux vous dire qu’ils travaillent vraiment ! Ils signent un contrat d’insertion à durée déterminée de 26 heures. Une fois par semaine, un organisme les accompagne dans leur recherche d’emploi, pour (ré)apprendre les codes du monde du travail, à rédiger un CV, à répondre à des offres, etc.
Vous avez accueilli Jean qui fait partie des chanceux qui ont trouvé un travail…
C.T. : Faut-il parler de chance ? Jean est un bosseur. Quand il est arrivé, il ne parlait pas bien le français, il était incapable de vous regarder dans les yeux mais, la culture du travail est internationale, elle n’a pas de codes. Alors oui, il a bénéficié d’une belle opportunité. Mais, il a de réelles compétences, comme la plupart des personnes que nous accueillons.
Est-ce que vous pouvez nous parler de la rencontre avec l’entreprise Axylvestre où Jean a signé un CDI ?
C.T. : C’est une histoire de rencontre et de réseau. J’ai rencontré l’agence d’Intérim Adeva chez qui Christophe Le Gal, le gérant Axylvestre avait laissé début 2019 une annonce. Son entreprise, spécialisée dans la lutte contre les insectes et champignons xylophages, avait besoin de renforcer ses effectifs, et avait du mal à trouver. Quand, au mois d’avril 2019, l’agence d’intérim Adeva lui annonce qu’elle a probablement trouvé quelqu’un, c’est le soulagement. Il nous a fait confiance, à moi avec qui il avait eu un échange préalable, et à Jean. Une rencontre plutôt rare et précieuse. Après une période d’immersion, il a proposé à Jean trois mois en contrat d’intérim puis la signature d’un CDI.
Le retour au travail est donc possible
C.T. Bien sûr, et l’exemple de Jean est très important, car il permet d’entretenir l’espoir. Nous allons pouvoir raconter son histoire et affirmer que oui, le retour à l’emploi est possible, la preuve !
Nous sommes maintenant avec Christophe Le Gal, gérant de l’entreprise Axylvestre
Comment s’est passé la rencontre avec Jean ?
C.L.G : pPar l’intermédiaire de l’agence Adeva et Christophe Terres. J’ai très vite compris en regardant Jean travailler qu’il avait le potentiel pour intégrer l’équipe. Et je ne me suis pas trompé ! Jean travaille dans le respect des consignes. Il est minutieux et efficace. Il doit à présent gagner en confiance pour être plus à l’aise dans les relations avec les clients et les autres parties prenantes de l’entreprise. Nous l’accompagnerons dans ce sens.
L’accompagner c’est-à-dire ?
C.L.G : Au-delà de la réalisation des chantiers de traitement, nous demandons aux applicateurs de l’entreprise de nous faire un retour d’informations sur les chantiers réalisés afin d’identifier les difficultés éventuelles et les points d’amélioration. Pour devenir « acteur » sur cet aspect, Jean doit améliorer sa pratique de la langue française. Dans un autre registre, tout aussi important, nous sommes en train d’aider Jean à passer son permis de conduire.
Vous n’avez pas eu peur d’embaucher un salarié issu d’un chantier d’insertion ?
C.L.G : L’intégration dans l’entreprise se fait par étapes. Les périodes d’immersion (stages et CDD) qui précèdent la signature d’un CDI permettent à l’entreprise de détecter et de confirmer le potentiel du « candidat » stagiaire ou intérimaire. Pour ce dernier, c’est une façon de découvrir tous les aspects du métier, ses avantages et ses contraintes.
En ce qui concerne Jean, les échanges préalables avec Christophe Terres nous ont permis de préparer dans les meilleures conditions son intégration. Le CDI que Jean a signé au mois de juillet lui ouvre à présent, de nouvelles perspectives de vie. Il le mérite !
En savoir plus sur les chantiers Nature et Patrimoine de Guidel
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